(Analyse sociopolitique réalisée par le Professeur Docteur Dely KAMOKA ( UPN -IFASIC) avec la Journaliste et chercheuse en SIC, Parousia BAMWANGANA ( ACP- UPN) Kinshasa.
Mille et une Stratégies communicationnelles ont été utilisées à l’élection présidentielle, aux votations législatives, provinciales et municipales de ce 20 décembre 2023 en RDC.
Le gigantisme est partout lorsqu’il s’agit de la RDC : un pays aux dimensions continentales, aux richesses innombrables, à une pauvreté ( misère) criante et paradoxale au regard des prétendues potentialités du Pays. Près de 100. 000 candidats se sont inscrits à la commission électorale indépendante pour se faire élire.
Vingt- six prétendants au siège présidentiel et 33. 000 candidats pour les 500 sièges des députés nationaux.
Il y a vraiment à se demander comment un nombre aussi élevé peut prétendre à des sièges aussi limités ! Un mois était prévu pour « faire connaître » le projet de société et la raison d’être de la sollicitation du mandat pour chaque candidat !
Alors, Kinshasa et toutes les grandes villes du pays ont vécu, pendant quatre semaines, au rythme insoutenable d’une pollution sonore.
Seuls les sourds pouvaient entendre, dans ce pays où déjà, les églises de réveil, à tous les coins des avenues, rivalisent de bruit et de pollution des décibels comparables à un décollage d’un gros Airbus.
Nous nous sommes intéressés particulièrement à une stratégie de communication des candidats présidentiables.
Dans ce continent de pays avec ses 265 tribus, langues et ethnies, comment s’adresser aux populations pour se faire comprendre de tous ?
De prime abord, faisons constater qu’au regard de la vastitude du pays, des 4 aires linguistiques ( Kikongo, Lingala, Ciluba et Swahili), la non maitrise de la langue du coin des populations visitées constituait un handicap majeur pour la transmission du message ou la transmission du projet de société.
Les candidats Présidents se sont mis en équipe pour mieux s’y prendre. Au fait, tout candidat incapable de prendre des précautions pour avoir sous la main « un interprète, un traducteur » un fiasco se dessinait au bout du tunnel. Vue l’étendue des distances à parcourir, la possession des moyens financiers conséquents constituait l’autre handicap pour une campagne porteuse pour chaque candidat.
Le temps et le climat étaient la dernière équation avec laquelle il fallait composer. Nous disons d’emblée, que tout candidat qui se jetait dans cette campagne, seul, était voué à l’échec ! Aussi, tout candidat ne disposant pas assez de moyens financiers, une équipe très musclée de campagne, était aussi voué à l’échec.
« L’impossible n’est pas congolais »
Parcourir les 2.345.000 km2 soi-même constituait un pari perdu d’avance. Mais dans le pays des « Nyonsologues » congolais, chacun s’hasarde à tout tenter, même l’impossible! « L’Impossible n’est pas congolais ».
Comment un leader d’un parti politique ayant à peine pignon sur rue peut-il chercher à devenir « le premier citoyen du Pays » tout n’ayant pas la logistique, les finances, les personnels et les compétences linguistiques et discursives nécessaires pour parvenir à se faire élire ? Dans le pays où « Tout semble théâtre », tout le monde peut tenter le tout pour le tout ! Chacun se présente comme le « meilleur » qui peut résoudre les problèmes du pays: sécurité, éducation, santé, infrastructures, développement endogène et exogène, protéger les biens et les personnes, terminer la guerre de l’EST en éradiquant la centaine des milices opérant pour le compte des multinationales ou des autochtones congolais, etc.
Notre constat est simple: un vrai manque de réalisme et de pragmatisme dans le chef de la plupart des candidats à tous les échelons.
Au prétendu principe des élections inclusives, on a noyé le poisson dans l’eau. Du désordre total, général tel que décrit dans un livre paru au mois de novembre 2023, à Paris : « Refondation de l’Etat RDCongolais et de son Administration Publique ».
Un vrai babélisme a été observé de telle manière que la population devait se trouver devant des milliers des candidats députés nationaux, provinciaux, municipaux et 26 présidentiables qui ont produit une véritable débauche de bruit dans le Pays. Ne fallait-il pas fixer d’autres critères plus contraignants pour limiter le nombre de candidats ? Décidément, les observations faites devront servir pour sortir les votations en RDC de leur « bourbier » d’organisation.
Comment la Ceni pouvait- elle s’y prendre devant des listes où 100 à 200 personnes se présentent pour un poste, un siège ? Voilà des sieurs et des dames, incapables de se payer eux-mêmes un repas, se payer leurs soins médicaux, n’ayant même pas débuté leurs propres vies, qui se retrouvent en train de demander de représenter des milliers de personnes à l’Assemblée Nationale, à l’Assemblée provinciale ou à la Présidence de la République. « Au nom de l’inclusivité et de l’Etat de droit », toutes les candidatures ont été validées.
Et les résultats après ce grand tohu-bohu sera à la hauteur du désordre organisé. La qualité des vrais représentants du Peuple va sûrement en pâtir ! Attendons la proclamation des élections législatives et provinciales, le 3 janvier 2024 : seuls 500 élus sont attendus sur les 33.000 candidats députés nationaux ! Demain, certains auront porté le prestigieux « surnom » « d’honorable », juste pour un mois, le temps de la campagne électorale.
Déjà 25 presidentiables ont cessé d’être des « excellences » depuis le 31 décembre à 16h00. Pour la performance des votations prochaines, des critères coercitifs devront éliminer certains prétendants candidats, dès l’inscription ou le dépôt de la candidature.
Pour 2028
Tout le pays ne peut quand même pas candidater : ce n’est pas ça ce qu’on nomme « inclusivité ni État de droit ».
Cette confusion doit être levée dans la tête des 50 millions de votants et éligibles congolais en 2028. Pour le 3 janvier 2024, un retour d’un contingent de 32.500 candidats députés nationaux sera opéré, dans les rangs des citoyens libres et ordinaires. Bravo aux lauréats.
More Stories
RDC: 18 ans après, Jean-Pierre Bemba affirme avoir gagné la présidentielle contre Joseph Kabila en 2006
Fayulu: «Tshisekedi a raté sa vocation. Sa vocation c’est peut-être d’être gardien d’une équipe de football»
RDC: Félix Tshisekedi croit que les prières de catholiques vont mettre fin à la guerre de l’Est du pays