09/12/2024

Le Regard

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Nord-Kivu : Ishasha, une cité frontalière stratégique sous le contrôle du M23

La République démocratique du Congo est à nouveau sous les feux de la rampe avec l’occupation récente de la cité frontalière d’Ishasha par le mouvement rebelle M23. Située dans le territoire de Rutshuru, au nord de Goma, Ishasha est un point névralgique entre la RDC et l’Ouganda. À seulement 60 km au nord-est du chef-lieu de Rutshuru, cette cité joue un rôle crucial dans les échanges commerciaux de la province du Nord-Kivu.

Ishasha se distingue par sa position géographique stratégique, étant l’un des postes frontaliers les plus sollicités par les importateurs et exportateurs de la région. Son axe routier reliant Ishasha à Nyamilima, Kiwanja, Rutshuru centre, Rumangabo, Kibumba et Goma en fait un passage privilégié pour le commerce transfrontalier.

Selon des sources financières du Nord-Kivu, ce poste frontalier a été classé quatrième en importance en 2018, juste derrière d’autres points névralgiques comme la grande barrière de Goma, Kasindi/Beni et Bunagana/Rutshuru.

L’occupation d’Ishasha par le M23, survenue le dimanche 4 août, soulève des inquiétudes quant à la sécurité et à la stabilité dans la région. Avant cette prise de contrôle, la cité était déjà laissée à l’abandon militaire, suite à la chute de Vitshumbi, laissant ainsi un vide que les rebelles ont rapidement comblé.

Les forces rebelles affirment poursuivre leur avancée dans d’autres villages et cités environnantes, malgré les accords de cessez-le-feu signés entre Kinshasa et Kigali.

La situation précaire à Ishasha met en lumière les défis auxquels fait face l’armée congolaise. Le samedi 3 août, les autorités militaires avaient promis de retrouver l’origine des troubles dans la région et de reprendre le contrôle des territoires occupés par les rebelles soutenus par le Rwanda. Cependant, cette promesse semble difficile à tenir face à l’organisation et à la détermination du M23.

Les conséquences de cette occupation vont au-delà des simples affrontements militaires. Les acteurs économiques de la région s’inquiètent des répercussions sur le commerce transfrontalier.

La fermeture d’Ishasha pourrait engendrer des pertes financières importantes pour les importateurs et exportateurs qui dépendent de ce passage pour acheminer leurs marchandises entre la RDC et l’Ouganda. La stabilité économique de la province du Nord-Kivu est donc directement menacée par cette escalade des tensions.

Clarifions que l’occupation d’Ishasha par le M23 représente un tournant significatif dans le conflit qui secoue la région. Alors que les autorités congolaises tentent de rétablir l’ordre, la communauté internationale reste attentive à l’évolution de la situation.

Justice Kangamina Musingilwa