Des craintes! Evidemment qu’elles sont légitimes. Surtout quand on se rappelle qu’il y a une année, en juin 2020, les Confessions religieuses ont prouvé aux Congolais -et au monde- leur regrettable capacité à descendre dans la mêlée. Les images de la controverse autour de la désignation de Ronsard MALONDA sont encore fraiches dans les mémoires.
Tout a commencé le 10 juin, au lendemain de l’élection contestée de celui-ci, par 6 des 8 églises, comme délégué de la plateforme à la Commission électorale nationale indépendante -CENI. Catholiques et Protestants ont tenu une conférence de presse accusant les six autres restées à la CIME de corruption. Les religieux se sont, comme qui dirait, lâchés. Tout était permis, ou presque, au grand dam des Congolais: tirs croisés dans les médias, diabolisation dans les réseaux sociaux, contre-vérités,… Un dérapage qui n’a pas été sans conséquence.
Cela a occasionné la contestation popularisée de MALONDA, notamment à travers des marches qui ont causé heurts, casses,… De fil en aiguille, cela a contribué à prolonger le retard dans le renouvellement de l’équipe dirigeante de la CENI.
Aujourd’hui, retour à la case de départ. Les Confessions religieuses doivent reprendre la désignation de leur délégué à la Centrale électorale. Suspens… Seront-elles, cette fois-ci, à la hauteur de leur stature? Epargneront-elles aux Congolais le spectacle désolant de la guéguerre qu’elles se sont livrée, hier? Arriveront-elles à vaincre les démons de la contestation intrinsèquement liés à la nature des Congolais -qu’ils sont aussi-? Ces questions, d’aucuns ne sauraient s’empêcher de se les poser.
Si dans l’opinion très peu attendent d’eux un miracle, personne ne leur pardonnera le fait, si cela arrivait, de créer encore une tension de plus, du reste évitable, alors que le pays vit des situations plus inquiétantes. Pas besoin de rappeler l’insécurité dans les provinces de l’Est, l’insécurité alimentaire dans les Kasaï, la crise sanitaire due au Covid-19, la crise économique, la stabilité politique continuellement précaire,…
Par conséquent, un sursaut de responsabilité de leur part s’impose. Si les Chefs de toutes les 8 Confessions religieuses sont animés par des principes plus ou moins universels de crainte de Dieu qu’ils enseignent à leurs ouailles, de patriotisme qui suppose le primat de l’intérêt général sur les intérêts minimalistes, de respect des règles qu’ils se sont eux-mêmes édictées; ceux-ci doublés d’un zeste d’élégance propre à leur rang, les choses devraient se dérouler sans encombre.
D’ailleurs, il nous souvient que ces Confessions religieuses ont pris, le 5 avril 2021, devant caméra, l’engagement solennel d’arriver à un consensus lors de la désignation de leurs délégués à la CENI. Une dette à honorer!
Le législateur semble encore croire en elles!
Entretemps, le législateur vient de prendre à contrepieds une bonne partie de l’opinion qui a trouvé dans la controverse Malonda, l’occasion d’écarter définitivement les Confessions religieuses de la désignation des animateurs de la CENI.
La réforme de la Loi organique portant organisation et fonctionnement de la CENI grave dans du marbre sa confiance en elles. Non seulement, elle officialise leur responsabilité de désigner le président de la Centrale électorale, mais aussi, leur accorde un deuxième délégué au sein de l’institution. Les Confessions religieuses ont donc tout intérêt à prendre la mesure de l’importance des responsabilités que le pays leur confie. Elles doivent être à la hauteur des espoirs autrefois déçus.
Au-delà de la simple désignation du président de la CENI, la tâche d’accompagner ce dernier pour la bonne conduite du processus électoral leur incombe.
L’Eglise du Congo qui a souvent du mal à trouver le milieu du village, doit au moins mettre de l’eau dans son vin pour opérer le choix des délégués capables de contribuer à l’organisation des élections plus crédibles, plus transparentes et plus démocratiques que les précédentes.
Les Confessions religieuses doivent cependant s’attendre à une polémique peu importe qui elles choisiront. Au vu des articles et autres publications qui circulent sur le net, les candidats à la course pour la CENI distillent déjà, de façon irresponsable, les germes de la contestation.
A cela s’ajoute le comportement des politiques. Si l’on en croit certains articles dans les médias, la présidence ferait pression pour placer son homme aux manettes de la Centrale électorale. Voilà qui interroge sur la véritable volonté de différentes composantes qui clament toutes leur attachement aux valeurs démocratiques.
Qu’à cela ne tienne, les Confessions religieuses feraient œuvre utile en ne jetant pas, pour une fois, l’opprobre au processus de désignation de leurs délégués. 2013, 2015 et surtout 2020 sont encore dans les mémoires. Leur crédibilité en dépend. Que la lumière du Tout-Puissant les éclaire, cette fois-ci.
Florentine Etambe
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