01/12/2023

Le Regard

De l’information fouillée et vérifiée

RDC: Alingete, ses mensonges déballés!

La passe d’armes entre Jules Alingete, Inspecteur général des finances chef de service, et Tony Mwaba Kazadi, ministre de l’Enseignement primaire, secondaire et technique -EPST-, promet des révélations choc. Ces révélations, jusque-là, mettent en mauvaise posture l’IG en chef, contraint parfois de recourir aux mensonges pour tenter de sauver sa peau, sans vraiment y parvenir, tant il s’enfonce dans l’arbitraire, tombant de haut.

Pourtant, le camp Alingete a déclenché les hostilités dimanche 15 août en révélant que le patron de l’IGF a «déjoué une tentative de détournement d’USD 16 millions à l’EPST et se fait attirer la colère des partisans politiques d’un ministre UDPS» et a «bloqué le décaissement de cette somme», destinée à la paie des primes des enseignants ayant presté à l’épreuve de l’Examen national de fin d’étude primaire -ENAFEP.

Il n’aura fallu rien de plus pour attiser l’ire du ministre Tony Mwaba, entré ainsi de plein pied au combat. Remonté comme jamais, le patron de l’EPST a résolu non seulement d’ester en justice l’IG Alingete mais aussi de faire des révélations indécentes qui compromettent le n°1 de l’IGF, non sans contribuer à écorner davantage son intégrité et sa probité morale, déjà mises à mal ces derniers jours. Dans la matinée du lundi 16 août 2021, Tony Mwaba, considérant les accusations d’Alingete comme une action «de vengeance», a révélé: «J’ai intercepté un paiement de plus de 2 millions d’Euros pour le compte de Veridos qui voulait donner les cartes biométriques aux élèves du primaire, leur exigeant 5 euros chacun… Jules Alingete m’a appelé pour me dire que ce sont ses amis. J’ai refusé. Cette somme est retournée à la banque».

Accablé, l’Inspecteur général chef de service de l’IGF, tentant de répondre coup sur coup, a, d’un revers de la main, balayé «les allégations populistes du ministre de l’EPST» qu’il dit être «sans fondement parce que cette société allemande avait déjà été payée par le ministère des Finances au mois de février 2021, soit deux mois avant que lui ne devienne ministre. Le prétendu blocage des fonds évoqué par lui est utopique».

Sont-ce vraiment populistes les «allégations» de Tony Mwaba? A scruter la correspondance du ministre de l’EPST du 10 mai 2021, adressée à son homologue des Finances, Nicolas Kazadi, les observateurs avertis répondent, sans tergiverser, par l’affirmative. Dans cette correspondance, le ministre de l’EPST s’est opposé «au paiement par la Rawbank de la somme de 2 millions d’Euros en faveur de la firme Veridos GMBH et par conséquent, obtenir des services sous votre tutelle la surséance dudit paiement pour un reversement au bénéfice du Trésor public».

L’opposition de Tony Mwaba, axée sur des faits et des dispositions légales pertinentes, semble être fondée, soutiennent certains esprits lucides. «Juridiquement, rien ne lie le ministère de l’Enseignement primaire, secondaire et technique avec la firme Veridos GMBH suivant les dispositions de l’article 6 du Décret n°10/33 du 28 décembre 2010 fixant les modalités d’approbation des marchés publics et de délégation de service public», a-t-il motivé, soutenant que «ce marché ne peut être financé parce que sur le plan de droit il est inexistant et non approuvé, financé en violation de l’article 47 et 15 alinéa 2 de la Loi n°10/010 du 27 avril 2010 relative au marché public et 2 du Décret sus-évoqué».

Voici que cette correspondance de Tony Mwaba fait mentir Jules Alingete, au point de faire valider la thèse de vengeance brandie par le ministre de l’EPST pour rejeter la pertinence de la démarche du n°1 de l’IGF. «Tous ceux qui étaient derrière ce dossier se sont ligués et passent par Alingete pour me salir», a dénoncé Mwaba, appelant Alingete à «bien servir la République et le Chef de l’Etat. Ce qu’il fait est spectaculaire. Il ne doit pas accepter qu’on l’utilise pour régler des comptes aux gens».

Vengeance ou pas, entre Jules Alingete et Tony Mwaba, c’est la guerre. Leur arène: la place publique. A l’origine de cette confrontation, la fuite, le week-end dernier, d’une photo montrant les deux hommes au bureau d’Augustin Kabuya, secrétaire général de l’UDPS, le parti présidentiel. Si l’authenticité de la photo n’a jamais été remise en cause, le contexte dans lequel elle a été prise ainsi que le motif de la rencontre, sont sujet à contradiction. Du côté de l’UDPS, Augustin Kabuya, soutenu par Peter Kazadi, a expliqué: «C’était avant l’entrée en fonction de l’actuel gouvernement. Le parti avait sollicité de l’IG la possibilité d’une formation -séminaire- en faveur des ministres UDPS».

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