«Je vous prends en témoin, vous, souverain primaire, le monde m’écoute. A la moindre escarmouche, je vais réunir les deux chambres du Parlement pour avoir l’autorisation de déclarer la guerre au Rwanda. Je le répète pour ceux qui ne m’ont pas bien entendu. Dès la première balle qui tombe sur le sol congolais ou l’occupation d’une partie de notre terre, je demande directement l’autorisation du Parlement pour faire la guerre au Rwanda», avait promis le Président de République, Félix Antoine Tshisekedi Tshilombo, lors de son dernier meeting dans le cadre de la campagne de la présidentielle du 20 décembre 2023, prenant en témoin la population congolaise.
Curieusement, comme pour le soumettre à l’épreuve, 13 jours après son investiture faisant suite à sa réélection à la magistrature suprême, soit vendredi 02 décembre 2024, une bombe du M23, groupe rebelle dont il a toujours accusé le pays de Paul Kagame d’être derrière, est tombée sur la ville de Goma, au Nord-Kivu, qui a fait deux blessés graves et deux maisons endommagées, selon l’armée. Cette provocation ayant ressuscité la petite vidéo de la campagne électorale du Chef de l’Etat devenue virale dans les réseaux sociaux, fait couler beaucoup d’encre et de salive dans la sphère sociopolitique congolaise. Beaucoup lui demandent de saisir l’occasion pour tenir sa promesse électorale d’ouvrir une guerre contre le Rwanda.
Dans la foulée, Alain Daniel Shekomba, ancien candidat président à la présidentielle de 2018, chef d’entreprises et expert en relations internationales, s’invite au débat. Pour lui, le Président Tshisekedi doit éviter de faire la guerre au Rwanda. À l’en croire, ceux qui encouragent le Président d’aller en guerre contre le Rwanda le trompent.
«De la même façon que j’avais dit à Katumbi que les gens qui le font rêver qu’il va gagner les élections en RDC, le trompaient, je dis aussi que les gens qui conseillent au Président Tshisekedi de faire la guerre au Rwanda, le trompent. Les gens ont beaucoup investi au Rwanda. Et, détruire le Rwanda, c’est détruire leurs investissements. Ils ne laisseront jamais faire cela. La gouvernance est rationnelle, pas émotionnelle», déconseille-t-il dans une série de posts sur X, tirés de sa Tribune du stratège.
Et de préciser : «Prenons juste l’exemple du partenariat Qatar Airways et Rwandair. Qatar Airways a reconstruit l’aéroport de Kigali pour en faire un hub aérien en Afrique. Et, vous pensez logiquement que le Qatar va soutenir la RDC dans son projet de guerre avec le Rwanda? Les gens qui conseillent le Président Tshisekedi doivent être lucides et factuels pas des faux émotionnels. Et des exemples comme ça, il y en a beaucoup. En favorisant plusieurs investissements au Rwanda, Paul Kagame a sanctuarisé son territoire contre toute attaque extérieure».
Le discours anti-Rwanda ou anti-Kagame ne bénéficie en rien au Président Tshisekedi
Expert reconnu dans le domaine des conseils en investissement, Shekomba pense que «tout mauvais diagnostic conduit toujours à une mauvaise thérapie». Selon lui, la guerre idéologique n’existe pas et tout a une finalité économique.
«Les facteurs de la guerre de l’Est, sont bien identifiés comme partout en Afrique où il y a les mêmes symptômes : la Pauvreté, la Faiblesse ou l’absence de l’autorité de l’État, Sources lucratives non contrôlées par l’État ainsi que la Présence des combattants démobilisés et chômage des jeunes. En dehors d’avoir été candidat à la présidentielle de 2018, je suis chercheur en sciences politiques. Je sais que l’idéologie politique est juste un moyen pour conquérir le pouvoir, soit par les armes, soit par les urnes, mais la réalité est que partout où ces 4 facteurs sont réunis, il y a la guerre et on invente un discours pour la justifier. Soit au nom de la différence des religions, soit au nom de la différence des ethnies ou des races», affirme-t-il.
Daniel Shekomba prend exemple sur les groupes armés du Sahel qui utilisent l’Islam comme moyen de contrôle des routes de transport de drogue entre l’Amérique latine et l’Europe. De la même manière, avance-t-il, les groupes armés du Kivu utilisent la discrimination ethnique pour justifier le commerce à bas coût du coltan et de l’or, ainsi que le contrôle des routes commerciales avec les pays voisins.
Il estime que «le discours anti-Rwanda ou anti-Kagame ne bénéficie en rien au Président Félix Tshisekedi. Au contraire, cela ne fait qu’alimenter les extrémistes des deux bords et complique la résolution des problèmes dans la région de l’Est de la RDC. Le faux nationalisme basé sur des faux postulats ne peut pas être la solution à la guerre qui sévit dans cette partie du pays. Nous devons partir sur des bons postulats, si nous voulons apporter une solution durable à ce problème».
René Kanzuku
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