08/12/2024

Le Regard

De l’information fouillée et vérifiée

RDC: dans son rôle de contrôleur, l’IGF a réussi à mettre fin à la prédation financière dans plus de 20 entreprises publiques congolaises

Créée le 15 septembre 1987 par l’ordonnance présidentielle n° 87-323 telle que modifiée par le Décret n°034-B/2003, l’Inspection générale des finances -IGF- dispose d’une compétence générale en matière de contrôle des finances et des biens publics, dans le seul objectif de lutter contre la corruption et la prédation financière.

À ce titre, elle vérifie et contrôle toutes les opérations financières de l’État, des entités administratives décentralisées, des établissements publics et organismes paraétatiques ainsi que des organismes ou entreprises de toute nature bénéficiant du concours financier de l’État, des entités administratives décentralisées et des établissements publics ou organismes paraétatiques sous une forme de participation en capital, de subvention, de prêt, d’avance ou de garantie.

L’IGF est dirigée actuellement par l’Inspecteur Général chef de service, Jules Alingete Key. «Nous avons réussi à mettre fin aux actes de prédation financière dans plus de 20 entreprises publiques. Ce qui est une première dans l’histoire de la RDC», a-t-il révélé.

L’IGF met le cap sur le contrôle concomitant appelé la patrouille financière qui donne, selon son patron Jules Alingete.

«Les rapports de l’IGF sont déposés auprès du Chef de l’Etat. Les sanctions administratives et judiciaires sont réservées aux prédateurs, mais la réprobation sociale, surtout le volet communication a l’avantage de gêner les incriminés dans leurs dignités. Le PCA de l’ONATRA qui est à la prison de Makala après avoir été accablé par le rapport de l’IGF, est mon cousin», a expliqué Alingete.

L’IGF dispose de 3 types de contrôles

Jules Alingete a rappelé que la lutte contre la corruption relève de la volonté du Chef de l’Etat, qui l’a confiée à l’IGF et à d’autres structures de contrôle, entre autres l’Agence de Prévention et de Lutte contre la Corruption -APLC- créée en 2020 par l’Ordonnance n° 20/013 bis du 17 mars 2020.

De ce fait, l’IGF dispose d’un certain nombre de domaines d’interventions, notamment le contrôle du trésor, le contrôle de régularité de gestion dans les entreprises publiques du Portefeuille de l’État.

L’IGF contrôle également la régularité du processus de passation des marchés publics ; contrôle le fonctionnement de la Banque Centrale du Congo tout comme celui de tous les services publics de l’Etat.
Par ailleurs, il existe trois formes de contrôles auxquelles recourt l’IGF : le contrôle a priori, le contrôle concomitant, et enfin le contrôle a posteriori. Le choix de l’une de ces formes est dicté par la nature du cas à examiner.

De manière générale, dans tous les pays du monde où on applique le contrôle de gestion, lorsque le niveau de prédation augmente, on recourt au contrôle concomitant, rappelle Alingete.
Celui qui se fait au moment de la gestion, sans attendre qu’il y ait du gâchis pour déplorer les conséquences après. Ici, on veille à la régularité des documents pour engager des dépenses.

Par contre, quand la prédation atteint des proportions inquiétantes, on recourt au contrôle a posteriori, précise-t-il. Toutes les trois formes sont légales et peuvent être utilisées selon le cas.
Parlant en passant du bilan, Jules Alingete s’est félicité du travail réalisé jusqu’ici dans le cadre de la patrouille financière que mène son service.

L’IGF a réussi à mettre hors d’état de nuire la prédation dans une trentaine d’entreprises publiques ; à mettre à la disposition de la justice, grâce à ses rapports d’enquêtes, une trentaine de mandataires détourneurs.

Dans ce même chapitre, le contrôle de l’IGF à la BCC avait permis de découvrir des cartes visa qu’utilisaient abusivement certains dirigeants, et les avait désactivées. Aujourd’hui, le contrôle est permanent au niveau de la trésorerie de la Banque Centrale, tout ceci grâce au contrôle concomitant dit «patrouille financière».

En vue de renforcer le contrôle et permettre une gestion saine des affaires publiques, l’IGF préconise 3 types de sanctions à l’égard des mauvais gestionnaires, en l’occurrence la sanction administrative, judiciaire ainsi que la réprobation sociale.

Enfin, le contrôle de l’IGF n’est pas seulement exercé sur les entreprises et établissements publics, mais il vise aussi depuis quelque temps, les provinces du pays. Quelques provinces sont déjà dans l’œil du cyclone. C’est le cas du Kongo central, Haut-Katanga, Lualaba, Sud-Kivu, Kwango, Kinshasa. Il va s’étendre à l’ensemble des 26 provinces que compte la République Démocratique du Congo.

Les défis de l’IGF

Par ailleurs, malgré tous ses efforts, l’inspection générale des finances fait face à plusieurs défis. L’omniprésence de la corruption en RDC entrave les efforts de l’IGF, rendant difficile l’audit et le contrôle des finances publiques. L’IGF souffre souvent d’un manque de ressources humaines et financières, ce qui limite son efficacité dans les audits et le suivi des finances.

Le cadre juridique complexe et souvent changeant rend difficile la mise en œuvre de normes de transparence et de responsabilité. Le besoin en formation continue pour le personnel de l’IGF est crucial afin de s’adapter aux meilleures pratiques internationales.

Il y a également le manque de sensibilisation sur le rôle de l’IGF et l’importance de la transparence financière auprès des citoyens et des institutions, ce qui limite son impact.
Pour améliorer cette situation, des initiatives pour renforcer la formation, accroître les ressources et soutenir l’autonomie de l’IGF sont essentielles.

René Kanzuku