A son avènement au pouvoir, en janvier 2019, Félix Tshisekedi, faute de majorité à l’Assemblée nationale, a coalisé avec son adversaire d’hier, Joseph Kabila, pour se soustraire du schéma de cohabitation. «La coalition FCC-CACH avait pour vocation non seulement de garantir une alternance pacifique et éviter à notre pays des conflits majeurs, mais aussi à servir de catalyseur pour que l’action du Gouvernement puisse mieux rencontrer les attentes de la population», a expliqué Félix Tshisekedi dans son discours sur l’état de la Nation en décembre 2020.
En dépit de cette vision insufflée au tandem FCC-CACH, l’idée de coalition, dès son émergence, n’a pas fait l’unanimité au sein de l’opinion, nombre d’analystes criant à une «alliance contre-nature». Une analyse qui, avec le temps, s’est révélée être la bonne, tant de nombreux couacs ont longtemps caractérisé ce mariage. Des couacs notamment causés par les extrémistes de deux camps qui, à peine, digéraient de se mettre ensemble.
FCC-CACH, alliance contre-nature
En dépit de tout, Fatshi s’est montré patient avant de craquer. «Malgré les efforts que j’ai déployés, les sacrifices que j’ai consentis et les humiliations que j’ai tolérées, cela n’a pas suffi à faire fonctionner harmonieusement cette coalition. Cela n’a pas non plus empêché l’émergence de difficultés de tous ordres au sein de celle-ci», a soulevé le Président Félix Tshisekedi, reconnaissant implicitement que la coalition FCC-CACH était une alliance contre-nature et motivant, par ces quelques lignes, la rupture «autoproclamée» avec son prédécesseur et autorité morale du FCC.
La veille de l’officialisation du divorce, Fatshi a entrepris de grosses manœuvres, initiant des consultations nationales ayant abouti à la formation de son «Union sacrée de la nation», très vite rejoint par Moïse Katumbi et Jean-Pierre Bemba, deux figures de proue de l’Opposition RD-congolaise. Puis, de nombreux sociétaires du FCC vont rallier la «nouvelle vision de gestion» du Chef de l’Etat, chargeant les autorités de la famille politique de Kabila d’être la cause des frustrations des uns et des autres. Chamboulement. Retournement inédit de situation. Au FCC, l’on crie à la violation de la constitution et l’on dénonce l’achat des députés. Dans les oreilles de Félix Tshisekedi, cela sonne exactement comme des aboiements du chien. Lui, telle la caravane, passe son chemin.
Mabunda et Ilunkamba emportés par l’ouragan USN
Premier test grandeur nature: la pétition contre le bureau Mabunda. En dépit du bras de fer observé pour le dépôt de ladite pétition et pour l’installation du bureau d’âge, Mabunda et son équipe n’ont pas résisté à l’ouragan de l’USN. Mûre ou pas, elle est tombée. Et la présence des caciques comme Mova, Mwilanya n’a pas aidé à sauver la tête de la première femme élue au perchoir de l’Assemblée nationale.
Dans la foulée, Modeste Bahati, leader de l’AFDC-A, lui qui a pris ses distances de Kabila après s’être vu refuser le perchoir au sénat, est nommé informateur avec pour mission d’identifier une nouvelle majorité. «Violation de la constitution», dénonce le FCC resté fidèle à Kabila, expliquant que l’exercice unique de déclaration d’appartenance à la majorité a été fait en début de législature. Imperturbables malgré les sorties répétées des FCC/ Kabila pour dénoncer la violation de la constitution, les députés, droit dans leurs bottes, confortés en outre par l’arrêt de la Cour constitutionnelle évoquant que leur mandat n’est pas impératif, s’en sont pris au Premier ministre Ilunga Ilunkamba, dont les relations avec le Président de la République s’étaient détériorées. Comme Mabunda, Ilunkamba n’a pas résisté à la furie des 367 députés ayant voté en faveur d’une motion de défiance initiée à son encontre par l’élu de la Lukunga Chérubin Okende.
Pendant ce temps, Modeste Bahati, dans le rapport de sa mission, affirme que «391 députés nationaux composent désormais la nouvelle majorité de l’Union sacrée de la nation». Avec une majorité si écrasante, la voie vers le contrôle de l’Assemblée nationale par le Président Tshisekedi n’avait jamais été aussi dégagée. Et les élections du 3 février 2021, l’ont confirmé. Non seulement tous les candidats USN ont été élus, mais aussi ils ont recueilli jusqu’à 389 voix pour le président Mboso Nkodia par exemple.
*La majorité assurée à Fatshi, cap vers le gouvernement*
La Chambre basse conquise, Félix Tshisekedi fixe maintenant le cap vers le gouvernement dont le Chef va sans nul doute être nommé incessamment pour permettre l’installation de son équipe à la session parlementaire de mars.
Voilà qui donne raison à Kabund qui, en son temps, a déclaré: «il n’y aura ni coalition ni cohabitation». Si toutefois l’USN est une coalition, l’UDPS, le parti de Fatshi, voulait d’une coalition où Félix Tshisekedi sera seul maître à bord. Ce qui, à l’heure actuelle, semble être le cas. Félix Tshisekedi est donc désormais solide leader. A lui de conduire la RD-Congo à bon port.
Le Regard
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