Aucun consensus n’a été trouvé entre transporteurs aériens et le gouvernement sur la baisse de 45% du prix du billet d’avion sur les vols domestiques en RD-Congo. Cela ontrairement à ce qu’a annoncé le ministre de l’Économie nationale.
Voici les points du blocage entre le gouvernement et les opérateurs économiques du secteur aérien :
- L’imposition d’un prix unique aux transporteurs au lieu d’une fourchette de prix minimum et maximum pour chacune de destination, tel que décidé par l’arrêté Bahati (ministre de l’Économie de l’époque et actuel président du Sénat) de 2015 sur la fixation des prix des tarifs des services aériens.
- La baisse de moitié presque du prix du billet d’avion (45% selon le premier ministre lors de son interview bilan à l’occasion des 100 jours du gouvernement). Pour les opérateurs économiques, cette baisse va provoquer la diminution du chiffre d’affaires d’environ 42%.
Les opérateurs économiques soutiennent qu’ils n’auront d’autres choix que de fermer leurs entreprises car ils ne sauront pas faire l’économie de la sécurité des passagers en cherchant à diminuer les coûts à l’extrême, notamment les coûts de maintenance.
- La méthode Kalumba dans la fixation du prix du billet à travers l’indice PKT (Prix kilomètre transporté) ne repose pas sur des données techniques réelles et vérifiables contrairement à l’arrêté Bahati. Les experts du ministère de l’Économie contestent notamment la consommation horaire d’un Airbus A320. Sur le site de l’avionneur Français, il est clairement indiqué que ce type d’avion consomme 4000 litres par heure. Mais les experts du ministère, pour faire baisser à tout prix, le billet d’avion manipulent ce paramètre du PKT en disant qu’il consomment 2800 litres par heure.
Divergences entre les deux camps aussi sur le taux d’occupation. Il est passé de 70% à 95, selon les experts du ministère de l’économie. Cependant, ils ne sont pas en mesure d’étayer leurs prétentions.
Il est clair que les négociations sont dans l’impasse, mais le ministre Jean-Marie Kalumba Yuma, veut fixer de manière unilatérale les prix des billets d’avion, déplorent la Fédération des entreprises du Congo (FEC) dans un mémo transmis au premier ministre.
Quelles seront les conséquences de ce passage en force du ministre Kalumba ?
- À court terme, estiment des experts de l’aéronautique civile, il y aura suppression des lignes et escales dans les 5 destinations suivantes : Kananga, Mbuji-mayi, Mbandaka, Gemena et Kisangani.
- À moyen terme , ça sera le retour des Antonov, qualifiés jadis des « cercueils volants » pour les nombreux crashs survenus en RDC avec ce type d’avion. Car l’A320 ne sera plus économiquement rentable en RDC.
- Déjà durement frappé par le Covid-19 en 2021 (6 mois d’arrêt d’activités) et l’éruption du volcan en 2020 (2 mois d’arrêt d’activité dans le Hub Est en RDC), la mort du secteur de l’aviation domestique en RDC deviendra inéluctable, préviennent des experts.
TransAir (fret), Service Air (fret), CAA (passagers), Congo Airways (passagers), Mwant Jet (passagers) et Kin Avia (passagers), font face à des charges d’exploitation importantes. Le gouvernement doit plutôt travailler à améliorer le climat des affaires au lieu de chercher à asphyxier un secteur dont l’équilibre financier est précaire, d’après des observateurs.
Le gouvernement doit travailler également sur l’augmentation du pouvoir d’achat des Congolais pour qu’ils soient de plus en plus nombreux à prendre l’avion qui demeure le moyen le plus sûr pour se déplacer en RDC.
Il n’y a que 400.000 passagers par an en RDC sur une population de 100 millions d’habitants. Soit moins de 0,4% de la population qui prend l’avion. L’avion n’est donc pas un service de consommation courante pour qu’il fasse partie du panier de la ménagère.
Les concessions du gouvernement sont dérisoires
Le gouvernement a promis de renoncer à certaines taxes et redevances. Mais toutes les taxes et redevances ne représentent que 25% du prix du billet. La réduction des taxes ne compense pas la perte du chiffre d’affaires en cas de baisse de moitié du prix du billet d’avion.
Comment sortir de la crise ?
Pour sortir de cette crise, il faut que les deux parties se remettent autour de la table des négociations. Cette fois-ci, les opérateurs économiques, qui se disent ouverts à une baisse raisonnable du prix du billet d’avion, veulent que les discussions se fassent sur base factuelle et technique.
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