
Il est devenu presque incompréhensible, dans la République Démocratique du Congo d’aujourd’hui, qu’un ancien chef d’État soit critiqué non pas pour avoir détourné des fonds, mais pour avoir investi dans son propre pays.
Les récentes allégations selon lesquelles le président honoraire, Joseph Kabila, détiendrait des parts — à hauteur de 25 % — dans plusieurs sociétés congolaises posent une question essentielle : ne serait-ce pas là l’un des rares comportements louables d’un ancien dirigeant, dans un pays où tant d’autres ont préféré transférer leur richesse vers des paradis fiscaux?
Ce qui devrait être salué comme un acte de patriotisme économique devient aujourd’hui prétexte à scandale. En toute logique, investir dans des entreprises locales — notamment celles qui participent au tissu social et économique du pays — devrait être encouragé par les autorités en place, en particulier par le président Félix Tshisekedi.
Garantir la sécurité des investissements nationaux et étrangers est l’une de ses obligations constitutionnelles.
Faillir à ce devoir, surtout en période de crise, équivaut à une trahison de cette mission.
Certaines voix, aveuglées par la soif de rupture ou de revanche politique, confondent désormais le bien et le mal. Elles oublient que ces entreprises, aujourd’hui ciblées,
emploient des centaines de Congolais : des femmes, des jeunes, des familles entières qui vivent dignement grâce à ces investissements. L’État n’a qu’une mission ici : assurer le bon fonctionnement de ces structures pour le bénéfice du pays. Rien de plus. Rien de moins.
Au cœur de cette affaire, un nom revient : Fortunata Ciaparrone. Cette femme d’affaires italienne, installée depuis plus de vingt ans en RDC, serait à l’origine des révélations sur les supposées participations de Joseph Kabila. Selon diverses sources, elle aurait été
interpellée et soumise à un interrogatoire extrajudiciaire par des conseillers en poste à la Présidence de la République.
Depuis, elle serait détenue, sans accès à ses avocats — eux aussi, dit-on, retenus de manière illégale. Si cela est avéré, il ne s’agit plus simplement d’un abus, mais d’une atteinte grave à l’État de droit. Et dire que ceci arrive après le feuilleton Harish, le patron de Servair, Hilton et Modern Construct, arrêté pendant plusieurs semaines avant d’être relâché.
Mme Ciaparrone est loin d’être une inconnue dans le paysage économique congolais. Elle est impliquée dans plusieurs sociétés bien réelles et actives, comme SOGEMIP (construction et maintenance), TEXTICO (textile), CETGAZ (production de gaz domestique), et CELI (école de langue italienne). Cette dernière a permis à de nombreux étudiants congolais, dont je fais partie, d’apprendre l’italien et de poursuivre des études en Europe grâce à des visas d’études légitimes. Faut-il désormais condamner ceux qui ont osé croire en la RDC ?
Il est rapporté qu’on aurait fait dire à Mme Ciaparrone, dans un contexte de détention arbitraire, des propos sortis de leur contexte, et qui serviraient aujourd’hui à accuser l’ancien président de participations commerciales supposées illégales. Vraiment ? Est-ce ainsi que l’on mène une enquête sérieuse ? Est-ce avec ce genre de procédés que l’on pense gagner la guerre ou restaurer la dignité de l’État ?
La vérité est simple : l’État congolais possède les mécanismes juridiques nécessaires pour contrôler les flux financiers et veiller à ce qu’aucun investissement ne serve à déstabiliser le pays. Mais jamais, au grand jamais, cela ne justifie des enlèvements, des détentions secrètes ni la violation des droits fondamentaux. La structure chargée des renseignements financiers a-t-elle pu détecter quelque chose de compromettant dans les activités du groupe de Fortunata? Lesquelles? Sinon, ce sont ces méthodes qui jettent en ruine la crédibilité de nos institutions.
Il n’est nullement interdit à un ancien président de détenir des parts dans des entreprises nationales, tant que cela respecte la loi. C’est peut-être même la meilleure manière de continuer à servir son peuple. Si un doute subsiste sur l’origine ou l’usage des bénéfices, des enquêtes doivent être menées dans le respect de la Constitution, des droits humains et de la présomption d’innocence. L’infraction est personnelle, jamais collective ni supposée.
M. le Président de la République, le monde nous observe. Votre responsabilité est immense. Il ne vous est pas demandé de tout résoudre, mais au moins de ne pas aggraver le mal.
Protégez les derniers investisseurs qui croient encore au Congo. Offrez aux familles qui en dépendent un minimum de sécurité et d’espoir. Respectez votre serment, et faites respecter la loi. Il n’est jamais trop tard pour bien faire.
Jean Bosco Kalombo, Avocat
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