13/06/2025

Le Regard

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Steve Mbikayi : «les consultations de Kabila ne sont qu’un dernier acte de théâtre…»

Tribune Libre 111

Les consultations de Joseph Kabila

En 2023, une partie de l’opposition avait parié sur le chaos. S’appuyant sur des analyses erronées, elle anticipait un report inévitable des élections. Mais elle n’avait pas pris en compte la détermination du président de la République à ne pas tomber dans l’illégitimité.
Non seulement les élections ont eu lieu, mais elles ont été remportées avec éclat par Félix Tshisekedi.

Ceux qui avaient boycotté le scrutin, faute de soutien populaire, se sont retrouvés isolés et oubliés par le peuple. Ils n’ont eu d’autre choix que de se rabattre sur la rébellion.
Ils croyaient que l’armée rwandaise, déguisée en M23, atteindrait facilement Kinshasa.
Ils ont sous-estimé la bravoure de nos forces, la résurgence patriotique des wazalendo, ainsi que la détermination d’un peuple qui refuse une humiliation à l’instar de celle de 1997.

Si Goma et Bukavu ont vacillé un temps sous les trahisons de quelques officiers corrompus, et si l’argent a parfois remplacé les chars de combat pour faciliter l’occupation, la suite a prouvé que tout ne se vendait pas. À Uvira comme à Walikale, l’or des agresseurs s’est heurté à une muraille invisible. Celle du patriotisme.

Face à cet échec stratégique, notre sénateur à vie a changé de posture. Le maître de l’ombre, autrefois si discret, est monté sur scène. Dans une tribune maladroitement pensée, il a franchi le Rubicon. En affichant une certaine bienveillance envers le M23, il a en quelques lignes déchiré l’image d’homme d’État qu’il s’efforçait encore de préserver. Il s’est finalement dévoilé et se retrouve aujourd’hui dans une position équivoque.

Cette sortie publique n’est pas un hasard. Elle résulte d’un processus de pression psychologique sur lui exercée par le Président de la République pour faire tomber son masque. Et le masque tomba. Jamais, dans l’histoire, un ancien chef d’État élu n’avait officiellement troqué la stature prestigieuse de sage de la République contre le rôle ambigu de paravent d’une agression étrangère.

Et voici le président Joseph Kabila à Goma, dans une tournée de consultations improvisées, tentant de raviver une flamme qui ne brûle plus. Que peut-il entendre d’un peuple meurtri, qui garde en mémoire l’image des dizaines de compatriotes fauchés par des militaires étrangers, ses alliés ? Des milliers de morts qu’il n’a jamais déplorés, qu’il n’ose évoquer ni compatir avec les familles endeuillées ?

Dans ce décor, que peut-il réellement entendre ? Rien, sinon des belles paroles dites à ceux qu’on craint mais qu’on n’aime pas. Des mots polis, prononcés sous la peur, accompagnés de sourires de façade, vite remplacés par des critiques acerbes dès le dos tourné.
Car le peuple du Nord-Kivu sait qu’il est sous occupation rwandaise. L’entrée officielle de l’ancien Président dans le jeu, visant notamment à disculper le Rwanda et à donner à l’agression un visage prétendument congolais ne le convainc pas.

Ce peuple sait que les pions de Kigali ne peuvent prétendre au salut national. Il sait que, quelles que soient les critiques adressées au pouvoir du Président Tshisekedi, rien ne justifie qu’on l’échange contre un projet d’assujettissement national, un énième noyautage de nos institutions par des étrangers.
Nos affaires se règlent en famille.
Ces consultations n’auront donc ni postérité ni légitimité. Elles ne sont qu’un dernier acte de théâtre dont le rideau tombera bientôt.

Autre temps, autres mœurs, dit-on.
2025 n’est pas 1996. Tshisekedi n’est pas Mobutu. En 1996, le maréchal était malade, affaibli, désavoué par le peuple et abandonné par ses voisins et par la communauté internationale. L’actuel Président de la République est élu, actif et soutenu. Sur le plan diplomatique, le Rwanda a été mis au banc des accusés, et plus personne ne doute de son rôle moteur dans l’agression que subit notre pays.
Paul Kagame ne s’en cache plus.
Les consultations de l’ancien président n’y changeront rien.
L’AFC / M23 reste le reflet du Rwanda.

 Steve Mbikayi