Il y a quelques jours encore, Jacqueline Bale, commerçante et mère de famille, ne l’aurait pas imaginé. Le temps d’une émission, d’une petite phrase dopée d’un élan de révolte et de patriotisme, tout a basculé pour elle.
«Je ne comprends pas pourquoi les rwandais nous méprisent autant. Nous vivons très bien avec eux, j’en connais qui vivent ici à Bandalungwa (Une des 24 communes de Kinshasa) à l’immeuble Djamani, tout près de chez moi. On ne leur a jamais fait du mal», déclarait-elle dans le cadre d’une émission où elle était invitée comme militante des droits des femmes au sein de l’Ong Solidarité Bandalungwa qui, entre autres soutien les femmes et les enfants en situation difficile.
Ces propos qui tombaient au lendemain de la prise de la cité stratégique de Bunagana par les forces négatives du M23 appuyée par le Rwanda, sempiternel voisin malveillant de la RDC depuis le génocide, ont malheureusement donné à un groupe de Kinois ébranlés par la souffrance de leurs compatriotes de l’Est, et… peut-être manipulés par certaines éminences grises, le signalement des quelques victimes expiatoires. L’expédition punitive anti rwandais qui s’en est suivi, a poussé la police nationale à se désigner des (ou ses) coupables. Parmi lesquels Jacqueline Bale dont les propos ont été sortis de leur contexte.
Depuis, Jacqueline Bale a vu sa sérénité de mère de famille laissée place à un sentiment d’insécurité, et son quotidien basculé. Elle est la xénophobe désignée. Ce, malgré le fait que son discours n’avait, dans le fond, rien qui pousserait à l’incitation à la haine. C’était juste une révolte d’une femme lassée du viol érigé en arme et d’autres atrocités qui sévissent à l’Est de la RDC. «Toute femme doit vivre à l’aise dans son pays. Mais nos sœurs sont violées, les enfants sont tués. Ça fait tellement mal», lâchait-elle. Et soulignait-elle: «Or nous, Congolais, nous sommes solidaires, nous accueillons tout le monde, sans xénophobie aucune».
Ce qui n’a pas empêché les visites de la police, les tortures morales et physiques, les menaces contre elle et sa famille.
Pour l’Asbl Solidarité Bandalungwa, ce que Jacqueline vit est intolérable. Elle dénonce toutes les menaces que subit cette dernière.
Francois Munga
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