Ça va faire maintenant plus de dix ans que les taxi-motos communément appelés «Wewa», inondent la ville province de Kinshasa au grand dam de taxis et taxi-bus. Sortir de chez soi pour rallier le centre-ville, pour rejoindre son bureau, pour un rendez-vous de travail ou pour faire ses courses et arriver à temps, relève parfois d’un combat de titan, sans les taxi-motos. Nous avons réalisé un reportage qui explique le mieux cette réalité kinoise.
«Le plus souvent, quand je suis pressé, je préfère la moto. Parce que les taxis et taxis-bus me ralentissent. Nous sommes nombreux à bord et il y a beaucoup d’arrêts. Et aussi pour éviter les embouteillages», explique Cédric la vingtaine en culotte et sans casque de protection sur la tête, transporté sur une moto en partance pour Kintambo Magasin.
A l’instar de Cédric, beaucoup d’autres kinois préfèrent la moto pour les mêmes raisons : la rapidité et la montée vertigineuse des embouteillages dans les grandes artères de la mégalopole kinoise, qui compte plus de 16 millions d’âmes, selon des nombreuses estimations internationales.
Dans cette grande ville de 9 965 km², sois 99 fois la taille de Paris et 310 fois celle de Bruxelles, les réseaux de communication de transport en commun pour relier les 24 communes que compte la capitale sont quasi inexistants. Le peu qui existe, public ou privé, sont bloqués par les énormes embouteillages de l’ouest via l’avenue Nguma, du sud sur la route Poids Lourds et du boulevard Lumumba dans le sud-est.
Pour contourner cette situation, des nombreux Kinois, hommes et femmes qui courent chaque jour derrière le temps, ont opté pour les taxi-motos, quitte à payer le double ou le triple du prix des taxi-bus ou taxis, pour le même trajet.
«Les motards augmentent les prix de leurs courses comme bon les semble. Ça varie pendant la journée et quand il y a les orages. Dans un temps normal, Magasin-UPN, c’est 2000 FC sur moto. Mais le soir ou pendant la pluie, ce prix double ou triple», regrette Giscard.
Le pire des «Wewa»…
Si le mariage entre les «Wewa» et les Kinois présage encore des nombreuses années dans le futur, mais le pire de cette union est catastrophique. D’après les chiffres statistiques de la Commission Nationale de la Prévention routière -CNPR- de 2020 renseignés par Jean Rémy Nganga, plus de la moitié des accidents de la route se sont recrutés parmi les piétons, motocyclistes et leurs passagers.
Sur les chaussés kinois, il y a plus de 70.000 motos qui assurent le transport en commun, selon la CNPR. Et il ne se passe pas un jour sans un accident de moto.
Sur la Route de Matadi dans la commune de Ngaliema, au milieu du bruit tintamarresque, nous retrouvons Maduku, un conducteur de taxi-moto qui est en train de surveiller la réparation de sa moto dans un célèbre garage à moto. Ici, tous les motards connaissent au moins un ami ou un proche qui a perdu la vie dans un accident.
«Ça fait déjà deux ans que je conduis la moto à Kinshasa. À ma connaissance, au moins 6 de nos amis ont perdu la vie dans les accidents. Il y a peu, notre ami et sa passagère ont été percutés mortellement par une remorque au moment du dépassement sur l’avenue Nguma», a-t-il relaté.
La seule solution efficace qui reste est le recyclage de tous les motards, suggère Dany Muba. «Cette dernière implique la mise au point des écoles ou centres reconnus pour la formation des conducteurs», avance-t-il.
Rappelons qu’en août 2022, dans la commune de Limete, les «Wewa» avaient incendié une voiture 4×4, après un accident causé par une collision. De ce fait, le gouverneur de la ville-province de Kinshasa, Gentiny Ngobila Mbaka, avait lancé l’identification de tous les motocyclistes par voie d’immatriculation et permis de conduire.
Rodrick Bendi
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