Habituée à agir dans l’urgence et à se laisser distraire, l’opinion nationale RD-congolaise a encore le regard plongé dans le feuilleton «Union sacrée» et ses dérivés comme la chasse aux gouverneurs encore pro Kabila.
Entretemps, les jours passent. Les questions liées véritablement à la vie du pays demeurent inexplorées. L’une d’elles est la problématique de la tenue effective des élections à la fin constitutionnelle des mandats présidentiel, législatifs nationaux et provinciaux, et celui des gouverneurs. Après toute la frénésie autour de la réforme électorale, la passion de tous les acteurs engagés dans ce combat a juste disparu.
«Kabila ayant perdu la majorité au pouvoir, il n’y a plus de problème», croirait-on! Erreur. Selon Corneille Nangaa, jusque-là encore président de la CENI, l’actuelle planification électorale prévoyait la mise en place de la nouvelle équipe dirigeante de la CENI au plus tard le 30 octobre 2020, si l’on tient à avoir des élections en décembre 2023.
Tshisekedi, pas pressé…?
Dans ce pays où, pour une grossesse de 9 mois, la layette se fait toujours la veille, 2023 est encore loin. Et d’ailleurs, dans son discours du 14 décembre à la Nation, le Président Félix Tshisekedi a clairement renvoyé le renouvellement de la CENI après les réformes électorales et celle même de la loi organique de la Centrale électorale. Naturellement, Tshisekedi n’est pas pressé. «Aujourd’hui qu’il s’est avéré calculateur, l’on peut bien imaginer pourquoi», lâche un analyste politique. A quoi lui serviraient vraiment les élections en 2023? Quelle garantie aurait-il de l’emporter à différents niveaux? Le recensement refusé, notamment par l’UDPS, autrefois parce que proposé in tempore suspecto, est aujourd’hui présenté comme une nécessité absolue. Manœuvre dilatoire? L’avenir nous le dira.
Y aurait-il pression de l’opposition?
Ragaillardi par son Union sacrée toujours grandissante, et rappelant à plus d’un titre les débuts du Front commun pour le Congo, tout semble acquis pour le fils du Sphinx. Il a le vent en poupe. Mais attention! Le propre du vent est de tourner quand ça lui chante. En attendant, l’opposition semble se déliter. Les Katumbi, les Bemba,… ont déjà traversé, bien que restant sur leurs gardes, le temps de voir Tshisekedi tenir réellement ses promesses.
Martin Fayulu est alors le seul gardien du temps, accroché mordicus à sa vérité des urnes. Il est celui qui ne restera pas sûrement bras croisés, si jamais le glissement devenait plus évident. A Kinshasa où le jeu politique se joue souvent dans la rue, Fayulu compte. Si l’UDPS a son Limete et presque la Mont-Amba, le président de l’Ecidé a la Tshangu et une partie de Lukunga (le populeux Camps Luka). Sa pression serait donc non négligeable.
A côté, le FCC de Kabila qui vient de perdre une bataille importante ne croisera pas les bras non plus. En tournée dans les Grand Katanga, Joseph Kabila démontre qu’il sait, lui aussi, drainer des foules même en restant avare de tout discours. A coté, la jeunesse du PPRD, parti cher à Kabila, commence à prend de plus en plus pied dans la rue. Wait and see.
Hugo Robert MABIALA
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