D’aucuns le voient venir. Il y a ceux qui manifestent aveuglément contre le choix et l’entérinement de Ronsard Malonda comme nouveau président de la Commission électorale nationale indépendante -CENI- et ceux qui jouent leurs cartes. Notamment celle de ramener Jean-Pierre Bemba dans le jeu électoral en modifiant la loi électorale, à travers la réforme malicieusement réclamée urbi et orbi par l’archevêque catholique, le cardinal Ambongo, et son compagnon président de l’ECC, Révérend Bokundoa, tous deux de l’Equateur comme le Chairman du MLC. Coïncidence?
Ou encore, celle d’organiser un dialogue qui aboutirait comme à l’accoutumée à un partage équitable et équilibré du pouvoir. A se demander si les religieux jouent-ils la carte des élections après deux ans de mandat de Tshisekedi considéré comme une transition selon le schéma de LAMUKA, bien défendue par certaines officines occidentales, particulièrement au pays de Bwana Kitoko?
Ou mieux encore, peut-être sans y faire attention, ce duo tend à jouer, malgré lui, une autre carte : celle d’accorder une prolongation du mandat constitutionnel du Président Félix Tshisekedi et des autres institutions telles que les assemblées nationale et provinciales, le sénat, les gouverneurs et les vice-gouverneurs, en créant un retard dans l’organisation des prochains scrutins.
La soutane ne protège pas contre l’erreur. Elle ne donne pas non plus une science infuse. Et donc, qu’on se le dise, la raison objective n’est pas forcément l’apanage d’un prélat. L’Assemblée nationale part en vacances jusqu’en septembre pour une session essentiellement budgétaire. L’année 2020 tend vers sa fin et 2023 n’est plus si loin. Il y a déjà une année que le mandat l’équipe dirigeante de la CENI a pris fin.
Réforme de la CENI
À ce jour, les activités électoraux sont à l’arrêt. Or, dès qu’un cycle électoral finit, un autre commence, dit le principe. L’évaluation du processus est à faire. La révision des lois aussi.
Et si réforme électorale il y a, c’est donc Nangaa et son équipe qui la conduiraient en tant que conseillers du gouvernement et de l’assemblée nationale en matière des élections. Les experts ne sortent pas ex nihilo. Là, il faudra prendre en compte le fait que ce n’est pas une confession religieuse où une organisation de la société civile qui mènera ces réformes. Ce sont les institutions légalement habilitées à le faire. Les confessions religieuses membres de la CIME, proposaient en juillet 2019 que le Chef de l’Etat mette en place toute une commission de réformes électorales qui mettrait ensemble les parties prenantes. Selon elles, la matière est tellement importante qu’elle devrait être traitée sans précipitation. Elle ne devrait pas non plus retarder ce processus électoral.
Notons que cette réforme là, si elle fait, ne touchera pas seulement la loi électorale ou la loi organique de la CENI. Mais aussi, pourrait-elle toucher la loi sur les partis politiques, sur la décentralisation,… et peut-être même la Constitution afin d’éliminer tous les écueils possibles.
Il est clair qu’elle ne se ferait pas en quelques mois. Certains experts internationaux ont même parlé d’années pour mener à bien une réforme électorale dans ce pays où les lois en matière sont éparses, où il n’y a pas de code électoral pourtant indispensable. A côté, la révision du fichier électoral prendrait, si on se réfère aux expériences du passé, 16 mois + 1 jour. Le recensement, lui, irait au-delà de 2 ans. A cela, si l’on ajoute les autres activités électorales, il est évident que le temps commence déjà à nous manquer.
Et lentement, mais sûrement, on va vers un glissement. Cela ne sera pas le péché de Tshisekedi, encore moins des députés qui, toutes tendances confondues, s’en réjouiraient en sourdine.
Occasion de rappeler l’article 70.2 de la Constitution: «À la fin de son mandat, le président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation effective du nouveau président élu».
Verrait-on après, les prélats envoyer encore les congolais dans les rues? Pour réclamer quoi? Personne ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes, dit-on.
Le bon sens recommanderait donc que l’on en finisse avec la restructuration de la CENI. A défaut, chacun devra porter ses propres responsabilités face à la nation, au présent et à l’histoire. L’avenir très proche nous en dira plus.
René Kanzuku & Darnell M.
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